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Sea Dogs : To Each His Own. La flotte à voiles vue par un historien
Sea Dogs : To Each His Own. La flotte à voiles vue par un historien

Ce contenu a été préparé pendant le développement du jeu de simulation de vie de pirate Corsairs Legacy par le studio Mauris, dans le but de populariser la thématique maritime en général, et les jeux de pirates en particulier. Vous pouvez suivre l’actualité du projet sur notre site, sur notre chaîne YouTube et sur Telegram.

Dans cet article, Kirill Nazarenko va analyser la liste des modèles de navires actuels de Sea Dogs: To Each His Own, préparée par l’équipe de Corsairs Legacy en collaboration avec BlackMark Studio.

On m’a demandé de parler des navires dans la version mise à jour de Sea Dogs: To Each His Own. Commençons par la tartane. Il me semble qu’on y voit une voile latine (voile triangulaire) assez convaincante, ainsi qu’un foc d’étai oblique (voile triangulaire hissée en avant du mât de misaine) ou un foc oblique (voile triangulaire allant du mât au beaupré) qui rendent bien. Globalement, l’ensemble est plutôt réussi. C’est une version très réaliste d’un gréement simple pour un petit bâtiment.

Sea Dogs: To Each His Own : flotte à voiles vue par un historien — Tartane

Navires de Sea Dogs: To Each His Own : tartane

Il existe une autre version de la tartane avec deux voiles latines, mais je trouve cela un peu difficile pour un navire aussi petit avec une coque aussi courte. D’ailleurs, ce serait très bien si les développeurs utilisaient l’option consistant à régler les voiles latines « en papillon ». C’était typique de la navigation par vent arrière sur ce type de navire : une voile orientée vers tribord et l’autre vers bâbord. Ainsi, les longs côtés de ces voiles se retrouvaient de part et d’autre, et le rendement du gréement s’en trouvait amélioré.

Sea Dogs: To Each His Own : flotte à voiles vue par un historien — Tartane à deux voiles

Navires de Sea Dogs: To Each His Own : tartane à deux voiles

Ensuite apparaissent des navires à trois mâts sous le nom de « lugger ». Or, selon moi, le lugger serait parfait si l’on supprimait ce mât avant et ce mât arrière, planté vers la poupe (arrière de la coque) d’une manière assez ridicule. En revanche, un beaupré bas, presque horizontal (une pièce de bois qui dépasse vers l’avant depuis l’étrave d’un voilier) — c’est bien une caractéristique d’un lugger. Mais, curieusement, on voit aussi ici des voiles à lattes inclinées (une sorte de voiles latines), alors que des voiles obliques « classiques » conviendraient davantage à un lugger.

Sea Dogs: To Each His Own : flotte à voiles vue par un historien — Lugger

Navires de Sea Dogs: To Each His Own : lugger

Le lugger Siren est à peu près du même ordre. Mon principal reproche : trop de mâts sur de petits navires. Il faut se rappeler qu’à l’époque de la voile, la variété des gréements pour les navires à un ou deux mâts était gigantesque — et c’est justement cela qu’on aurait pu exploiter dans un jeu vidéo. Alors que le gréement des navires à trois mâts était très standard et ne différait que par des détails. J’ai l’impression que les auteurs des illustrations ne travaillent pas vraiment cette piste et qu’ils veulent, pour une raison quelconque, mettre un maximum de mâts sur leurs navires. Pourquoi, ce n’est pas très clair.

Sea Dogs: To Each His Own : flotte à voiles vue par un historien — Sloop

Navires de Sea Dogs: To Each His Own : sloop

Il y a dans le jeu un navire appelé « sloop », mais je préférerais l’appeler un lugger. Il porte plusieurs voiles carrées sur un seul mât, un long beaupré avec trois focs, et une grande voile à corne (voile en trapèze irrégulier) également fixée sur ce même mât.

Sea Dogs: To Each His Own : flotte à voiles vue par un historien — Barquentine

Navires de Sea Dogs: To Each His Own : barquentine

Si l’on parle de ce qui est appelé ici une barquentine, on a encore un navire à trois mâts, avec le mât avant portant des voiles carrées. Le reste — principalement des voiles obliques. En principe, c’est typique des barquentines de la fin du XVIIIe et du XIXe siècle. Une barquentine est un « schooner-bark », c’est-à-dire un navire combinant le gréement d’une barque et celui d’une goélette. Le mât avant à voiles carrées vient de la barque, et les mâts arrière à voiles obliques, de la goélette. Mais si tout était fait correctement, la grande voile carrée basse (sur le grand mât) ne devrait pas se retrouver sur cette barquentine.

Sea Dogs: To Each His Own : flotte à voiles vue par un historien — Barque

Navires de Sea Dogs: To Each His Own : barque

On voit ici un bâtiment appelé « barque », un navire à trois mâts avec des voiles carrées sur le mât de misaine (premier mât en partant de l’étrave) et sur le grand mât (deuxième mât). C’est donc un navire au gréement carré « classique ». Le mât d’artimon (troisième mât) porte un perroquet carré et une voile à corne en bas du mât.

Il y a peut-être même trop de voiles sur le beaupré, car on y voit deux focs et encore deux voiles carrées sous le beaupré. La forme de la coque laisse plutôt penser à un bâtiment du début du XVIIIe siècle, car on remarque une rupture du pont supérieur : un gaillard ouvert au centre avec des gaillards d’arrière assez longs et un château arrière. Mais, peut-être, fallait-il réduire légèrement le nombre de voiles obliques ; on aurait alors un navire plus raisonnable, que j’appellerais plutôt une frégate du début du XVIIIe siècle. Tel qu’il est représenté, ce navire n’est pas très réaliste.

Sea Dogs: To Each His Own : flotte à voiles vue par un historien — Goélette marchande

Navires de Sea Dogs: To Each His Own : goélette marchande

La goélette marchande est une goélette normale, mais j’ai quand même des reproches. Selon la définition classique, une goélette est un navire à voiles obliques. Autrement dit, si l’on prend ce que les auteurs ont fait, qu’on retire les voiles carrées du mât avant et qu’on ne garde que les voiles obliques, on obtient une goélette tout à fait normale.

Pourquoi avoir ajouté des voiles carrées au mât avant, ce n’est pas clair. Le principe même de la goélette, c’est que les voiles obliques sont beaucoup plus faciles à manœuvrer que les voiles carrées. Pour les manœuvrer, pas besoin de grimper : on travaille depuis le pont. Ainsi, les navires marchands — souvent en manque d’équipage — adoptaient très bien la goélette. On économisait énormément sur le nombre d’hommes. Donc, mettre des voiles carrées sur une goélette n’a strictement aucun sens.

Sea Dogs: To Each His Own : flotte à voiles vue par un historien — Flûte

Navires de Sea Dogs: To Each His Own : flûte

J’aime bien la flûte : elle ressemble à un navire typique du XVIIe siècle. Elle est à trois mâts. Sur le mât de misaine et le grand mât, on trouve des voiles carrées et de grands huniers, ce qui était typique du XVIIe siècle et du début du XVIIIe. Sur le mât d’artimon, il y a une voile latine. Sur le beaupré, on voit un mât de civadière (un espar vertical sur le beaupré) portant une voile carrée sous le beaupré. La forme de la coque est également très réussie. C’est vraiment très proche des flûtes du XVIIe siècle. Certes, au XVIIIe siècle, ce type est tombé en désuétude. Et comme les époques sont un peu mélangées ici, il ne devrait peut-être pas côtoyer des navires de types plus tardifs. Mais la flûte elle-même est bonne.

Sea Dogs: To Each His Own : flotte à voiles vue par un historien — Chniava

Navires de Sea Dogs: To Each His Own : chniava

Le navire suivant est une chniava. C’est un bâtiment à deux mâts, un prototype du brick. Ici, on voit encore quelque chose qui ressemble à une flûte, mais avec une coque plus droite, sans château arrière très marqué. Donc, je dirais plutôt que c’est une sorte de flûte, mais plus tardive.

Sea Dogs: To Each His Own : flotte à voiles vue par un historien — Brick

Navires de Sea Dogs: To Each His Own : brick

Passons au brick. C’est un brick normal ; globalement, tout est correct. Même si le brick classique n’avait pas de grand-voile carrée basse sur le grand mât. Ici, le grand mât est le second (le premier étant le mât de misaine). Cependant, sur des versions anciennes du brick, cela pouvait exister ; la forme de la coque et le gréement sont donc presque idéaux.

Sea Dogs: To Each His Own : flotte à voiles vue par un historien — Brigantine

Navires de Sea Dogs: To Each His Own : brigantine

Quant à la brigantine Belle (4e rang), elle peut aussi être considérée comme une bonne option. On voit des voiles carrées sur le mât de misaine et des voiles obliques sur le grand mât. Bref, j’y crois : elle ressemble à une vraie.

Sea Dogs: To Each His Own : flotte à voiles vue par un historien — Goélette militaire

Navires de Sea Dogs: To Each His Own : goélette militaire

Puis vient la goélette militaire. Ici, ils ont choisi de représenter une goélette à hunier (topsail schooner) : une goélette à voiles obliques, mais avec un hunier — une petite voile carrée sur chaque mât. Ce type est bien connu, mais dans ce cas, elle aurait dû s’appeler « goélette de Marseille » et non « goélette militaire ». Il y a peut-être des erreurs de traduction. Quoi qu’il en soit, j’approuve ce navire.

Sea Dogs: To Each His Own : flotte à voiles vue par un historien — Xebec léger

Navires de Sea Dogs: To Each His Own : xebec léger

Ensuite vient un xebec léger. C’est bien un xebec, et même un trois-mâts, ce qui est moins courant qu’un deux-mâts. C’est un bâtiment léger du bassin méditerranéen, gréé en voiles latines, utilisé par les pirates, les contrebandiers et aussi dans des marines (par exemple l’Espagne) pour lutter contre la piraterie et la contrebande. La forme de la coque avec un château arrière en surplomb très caractéristique, ainsi qu’un beaupré assez court — tout cela inspire confiance.

Sea Dogs: To Each His Own : flotte à voiles vue par un historien — Brick de patrouille

Navires de Sea Dogs: To Each His Own : brick de patrouille

Ensuite, on a un brick de patrouille. C’est à peu près le même brick que celui dont je parlais plus haut. Je retirerais encore la grande voile carrée basse du grand mât. Sinon, le brick est tout à fait satisfaisant.

Sea Dogs: To Each His Own : flotte à voiles vue par un historien — Ketch corsaire

Navires de Sea Dogs: To Each His Own : ketch corsaire

Le ketch corsaire est une question compliquée, car le mot « ketch » a désigné des navires très différents. On pouvait ainsi appeler de petits bâtiments de cabotage utilisés dans la Manche et au large des côtes anglaises. Et, notamment dans la marine anglaise, on appelait aussi « ketch » certains navires portant 2 à 3 mortiers, utilisés pour bombarder des cibles côtières. On les appelait « bomb ketches ». Une particularité du ketch : un grand mât principal et un petit mât à l’arrière (mât d’artimon).

Il y a d’ailleurs toujours débat : comment nommer les mâts d’un navire à deux mâts — selon leur hauteur ou selon leur position sur le pont ? Si c’est un ketch de bombardement, il faudrait déplacer le grand mât vers l’arrière, car les mortiers se plaçaient devant ce mât. Mais si les auteurs avaient en tête un petit navire de cabotage du sud de la Grande-Bretagne, alors la forme présentée ici est acceptable. Je suis toutefois un peu perturbé par le mât d’artimon trop bas et par l’énorme différence de hauteur entre les deux mâts.

Sea Dogs: To Each His Own : flotte à voiles vue par un historien — Galion

Navires de Sea Dogs: To Each His Own : galion

Regardons maintenant le galion. Il ressemble à un navire des XVIe – début XVIIe siècles, trop massif selon les standards de la fin de l’époque de la voile. On admet en général que le galion doit avoir un château arrière élevé, massif et fixe. Mais ces châteaux arrière très élevés existaient aussi sur des navires appelés « nao », autrement dit des caraques.

Cependant, le galion tire son nom du fait que sa coque rappelait celle d’une galère, donc une silhouette plus basse et plus « plate » en architecture. Ici, on est donc plutôt face à un nao ou une caraque. Avec un gréement assez pauvre, typique du XVIe siècle, cela pourrait passer pour certains navires de l’époque. Ce qui gâche l’image, ce sont les sabords d’artillerie découpés trop bas, près de la ligne de flottaison. À l’époque, on préférait les percer plus haut, car plus ils sont bas, plus on risque de ne pas pouvoir les ouvrir à cause des vagues.

Sea Dogs: To Each His Own : flotte à voiles vue par un historien — Caravelle

Navires de Sea Dogs: To Each His Own : caravelle

Passons à la caravelle. Ici, c’est déjà un navire à quatre mâts avec des voiles carrées sur le mât de misaine et des voiles latines sur les autres mâts, et avec des superstructures assez développées. Franchement, pour moi, la caravelle reste un petit navire côtier de tradition ibérique : voiles latines, coque légère, sans superstructures puissantes.

Rappelons que dans l’escadre de Colomb, la Nina était une caravelle (en espagnol, « petite fille »). Les deux autres navires, Santa Maria et Pinta, étaient de classe supérieure. Donc je n’y crois pas. Et, en plus, je ne crois pas aux sabords d’artillerie percés trop bas, et en plus regroupés par deux. C’est une disposition totalement illogique. On rejette donc cette « caravelle royale ».

Sea Dogs: To Each His Own : flotte à voiles vue par un historien — Caraque

Navires de Sea Dogs: To Each His Own : caraque

Ensuite vient la caraque Konkeran. C’est une caraque typique du XVIe siècle, presque exemplaire. Elle a de hautes superstructures à l’avant et à l’arrière, et, à l’avant, une structure encore plus imposante. Ces superstructures servaient de plateformes de tir pour les équipes d’abordage, à une époque où l’abordage était le principal moyen de combat naval, chez les pirates comme dans les marines d’État. Le gréement assez modeste sur trois mâts, avec une voile latine sur l’artimon, est tout à fait typique des grands navires du XVIe siècle.

Tout est excellent ici, je n’ai rien à redire. Si l’on veut chipoter, on peut noter un beaupré un peu trop relevé et une voile carrée sur beaupré placée trop haut. Mais cela peut s’expliquer : il a peut-être fallu la monter pour éviter l’ombre au vent créée par la coque, afin que la voile fonctionne correctement. Donc la caraque est acceptée.

Sea Dogs: To Each His Own : flotte à voiles vue par un historien — Corvette

Navires de Sea Dogs: To Each His Own : corvette

Ensuite vient la corvette. J’ai déjà dit qu’on mélange ici des types de navires qui n’ont jamais navigué en même temps. La corvette est un type qui se développe à la fin du XVIIIe siècle. De plus, c’est un terme français ; les Américains appelaient cela un sloop. Ici, la voile latine sur l’artimon est totalement inutile, car les voiles latines ont disparu des navires de guerre dès le milieu du XVIIIe siècle. Une voile carrée sur le beaupré a l’air absolument ridicule sur une corvette. Cela dit, si l’on suppose que ce n’est pas une corvette, mais une sorte de frégate de la première moitié du XVIIIe siècle, alors ces éléments pourraient être justifiés.

Sea Dogs: To Each His Own : flotte à voiles vue par un historien — Pinas

Navires de Sea Dogs: To Each His Own : pinas

Ensuite, on a la pinasse d’Emino. C’est un navire tout à fait normal du XVIIe siècle, avec un mât de civadière, une voile latine sur l’artimon et une coque assez caractéristique. D’ailleurs, les galions avaient souvent une poupe assez similaire : une élévation progressive de l’arrière, sans superstructures très marquées.

Sea Dogs: To Each His Own : flotte à voiles vue par un historien — Polacca

Navires de Sea Dogs: To Each His Own : polacca

Voici maintenant la polacca. Je suis très perplexe face à la combinaison d’une voile latine sur le mât de misaine et d’un gréement carré sur le grand mât. Je ne comprends pas l’intention. C’est peut-être une tentative de développer l’idée du xebec. Il est possible que des expériences similaires aient eu lieu en Méditerranée, dans les flottes française ou espagnole. Mais je ne me souviens pas d’un type réel de gréement correspondant à ce qui est montré ici. Cela dit, on ne peut pas exclure qu’il y ait eu quelques cas d’expérimentation.

Sea Dogs: To Each His Own : flotte à voiles vue par un historien — Xebec Gampet

Navires de Sea Dogs: To Each His Own : xebec Gampet

Ensuite, voici un autre xebec — le xebec Gampet. C’est un bon xebec à trois mâts. Même si je ne comprends pas pourquoi tous les xebecs sont à trois mâts : on aurait pu en faire aussi des versions à deux mâts. On voit même ici une voûte arrière caractéristique, ce qui souligne la parenté de la coque du xebec avec celle de la galère. Oui, mais il aurait fallu l’affiner un peu et souligner que c’est un navire très rapide, quoique peu manœuvrier. Il est destiné à un bassin relativement fermé comme la Méditerranée. Pour résister à la houle océanique, la coque devrait plutôt ressembler à un œuf de poule coupé dans la longueur : assez large et pas trop longue.

Une telle coque résiste bien aux vagues. De plus, si l’on construit un navire en bois long et étroit comme une galère, il résiste mal à la houle : il embarque l’eau et risque de se briser sur une vague. Donc, si vous travaillez sur un petit navire méditerranéen, faites la coque allongée et basse. Et si vous travaillez sur un navire de haute mer, il doit être plus court et plus large. Ici, les auteurs ont cherché un compromis étrange.

Sea Dogs: To Each His Own : flotte à voiles vue par un historien — Petite frégate Formidable

Navires de Sea Dogs: To Each His Own : petite frégate Formidable

Passons maintenant à la petite frégate Formidable. Le gréement laisse penser au début du XIXe siècle. De plus, la coque est peinte comme on a commencé à le faire seulement pendant les guerres napoléoniennes : une large bande blanche sur une coque noire. Une telle livrée (bande blanche ou jaune) s’est développée dans la marine anglaise et s’est imposée surtout après la fin des guerres napoléoniennes. Ensuite, dans les années 1820, cette mode s’est diffusée aux autres marines et, dans les années 1830–1860, presque tous les navires étaient peints ainsi ; puis le noir et blanc a été repris sur les navires à vapeur.

Ce que je n’aime pas sur cette frégate, c’est qu’elle a des cornes fixées au mât de misaine et au grand mât : des espars inclinés portant des voiles obliques. Dans la réalité, la corne n’existait que sur l’artimon, ce qui est correctement montré ici. En général, on aurait dû avoir une bôme en bas — un espar horizontal qui tend la bordure de la voile. Mais des cornes sur le mât de misaine et le grand mât, c’est absurde. Entre misaine et grand mât, ou entre grand mât et artimon, on aurait pu mettre des voiles d’étai (voiles obliques tendues sur des câbles), et non des voiles sur des cornes. Donc ces cornes doivent être retirées. À part ça, la frégate est acceptable.

Sea Dogs: To Each His Own : flotte à voiles vue par un historien — Polacca lourde Kepabl

Navires de Sea Dogs: To Each His Own : polacca lourde Kepabl

On a aussi la polacca lourde Kepabl. Je ne peux que répéter ce que j’ai dit sur la polacca : il est possible que de tels navires étranges aient existé quelque part, mais je ne peux pas dire en avoir vu.

Sea Dogs: The battleship Navio Laurier

Navires de Sea Dogs : navire de ligne Navio Laurier

Le Navio Laurier ressemble beaucoup à un navire standard des XVIe – début XVIIe siècles. Globalement, tout va bien. Le seul problème : il y a un bout-dehors (jibboom) qui prolonge le beaupré vers l’avant et vers le haut. Mais c’est un anachronisme. Sur ces navires des XVIe – début XVIIe siècles, on trouvait un mât de civadière (spritsail-topmast) et non un bout-dehors. Donc ici, le bout-dehors est superflu et trop long. De tels beauxprés très longs n’étaient pas utilisés à l’époque. Cela dit, l’ensemble reste assez convaincant ; si l’on « casse » ce bout-dehors, le reste devient, à mon avis, très correct. On pourrait, par exemple, réduire un peu la voile latine de l’artimon, mais là c’est déjà une question de goût.

Sea Dogs: To Each His Own : flotte à voiles vue par un historien — Navio Laurier

Navires de Sea Dogs: To Each His Own : Navio Laurier

Ensuite vient l’East Indian Surprenont, un bon navire pour le XVIIe siècle. Il a un mât de civadière, une voile latine à l’artimon et une coque cohérente. Je ne peux que l’approuver.

Sea Dogs: To Each His Own : flotte à voiles vue par un historien — Galion lourd Amporte

Navires de Sea Dogs: To Each His Own : galion lourd Amporte

Le galion lourd Amporte. Ici, on tente de reproduire un cas réel du XVIe siècle : sur de grands navires à trois mâts, on essayait parfois d’ajouter un quatrième mât tout à l’arrière avec une voile latine. C’est tout à fait possible, mais je n’appellerais pas cela un galion (si l’on se base sur la forme de la coque). Je parlerais plutôt d’une caraque ou d’un nao.

Sea Dogs: To Each His Own : flotte à voiles vue par un historien — Frégate lourde

Navires de Sea Dogs: To Each His Own : frégate lourde

Ensuite, on a une frégate lourde. Cependant, je n’aime pas ces appellations (« frégate lourde », « galion lourd ») car c’est une transposition de la terminologie des flottes à vapeur. On peut dire « croiseur lourd », mais pour la voile, « lourd » et « léger » ne servaient pas à désigner des sous-classes de navires.

Rappelons que le terme « ship » désignait uniquement un navire à trois mâts et qu’il était impossible d’appeler « ship » un bâtiment à un ou deux mâts. Sur cette frégate lourde, le problème, c’est la coexistence d’un mât de civadière et d’un bout-dehors/voile d’étai (voile triangulaire oblique entre le beaupré et le mât de misaine) — en plus placé très haut. C’est impossible. Si l’on retire ces voiles triangulaires obliques, on peut reconnaître une frégate du début du XVIIIe siècle. Mais il faudrait peut-être raccourcir la superstructure latérale et allonger la superstructure arrière, pour qu’elle atteigne le grand mât. Globalement, ça peut passer.

Sea Dogs: To Each His Own : flotte à voiles vue par un historien — Frégate Suffizant

Navires de Sea Dogs: To Each His Own : frégate Suffizant

On a encore la frégate Suffizant. Elle ressemble à une frégate correcte de la fin XVIIe – début XVIIIe siècles. Je n’ai rien à lui reprocher. En revanche, si l’on regarde de près, on peut soupçonner des sabords percés un peu bas — ce qui peut être lié à des particularités graphiques du modèle.

Sea Dogs: To Each His Own : flotte à voiles vue par un historien — Frégate rapide Enfont

Navires de Sea Dogs: To Each His Own : frégate rapide Enfont

La frégate rapide Enfont. On ne peut pas l’appeler frégate, car elle a deux ponts de batterie. C’est donc un navire de ligne. La combinaison d’une voile latine à l’artimon avec plusieurs focs sur le beaupré et un beaupré très développé avec bout-dehors est douteuse : il faut choisir l’un ou l’autre.

À l’époque où les beauxprés étaient très développés, on portait plusieurs focs et, à la place de la voile latine, l’artimon avait une voile à corne. Et quand il y avait une voile latine à l’artimon, on avait un mât de civadière et moins de voiles sur le beaupré. Cependant, on peut y voir un navire de ligne de 54 canons du XVIIIe siècle. Je me demande pourquoi il était impossible d’écrire simplement les types de navires de ligne selon le nombre de canons, comme au XVIIIe–XIXe siècles. Pourquoi inventer des noms spéciaux ?

Sea Dogs: To Each His Own : flotte à voiles vue par un historien — Warship Royal

Navires de Sea Dogs: To Each His Own : navire de guerre Royal

Le navire de guerre Royal (1er rang) est à deux ponts, donc entre 54 et 80 canons. Il a un mât de civadière, ce qui renvoie aux XVIIe – début XVIIIe siècles. Je n’aime pas les voiles basses géantes et les huniers gigantesques : il aurait fallu les faire plus petits.

Des huniers aussi hauts ont pu exister à certaines périodes, mais il faudrait réduire les voiles basses et ajouter un troisième étage de voiles — des voiles d’étai. Car au XVIIIe siècle, les trois-mâts portaient un gréement à trois étages. Quant aux couleurs, rien à redire : au XVIIIe siècle, les navires pouvaient être peints comme on voulait, selon l’imagination de leur commandant. Souvent, l’équipage peignait même le navire aux frais du commandant.

Sea Dogs: To Each His Own : flotte à voiles vue par un historien — Warship Kaleuche

Navires de Sea Dogs: To Each His Own : navire de guerre Kaleuche

Ensuite, on a le navire de guerre Kaleuche. Peut-être que c’est nécessaire pour le jeu, mais il est très sale et déchiré. Il y a peut-être une intention artistique. À mon avis, c’est simplement un navire de ligne pas très bien dessiné. Et la combinaison de plusieurs focs sur le beaupré avec une voile latine à l’artimon reste douteuse.

Sea Dogs: To Each His Own : flotte à voiles vue par un historien — Battleship Bizarr

Navires de Sea Dogs: To Each His Own : navire de ligne Bizarr

Ensuite, voici le navire de ligne Bizarr. C’est une tentative de représenter un navire de ligne à trois ponts. Les artistes font toutefois une erreur inverse : ils dessinent un mât de civadière mais en même temps une voile à corne sur l’artimon. Il faut choisir : soit mât de civadière, soit voile à corne.

Encore une fois, deux grands focs d’étai sont tendus entre le mât de civadière et le mât de misaine. Mais ce n’était pas utilisé, car le mât de civadière était une pièce assez fragile et on l’a abandonnée précisément parce qu’elle tenait mal ; on ne pouvait pas y tendre solidement des étais. Fixer des voiles obliques supplémentaires dessus serait d’une audace excessive. La coque, elle, renvoie plutôt à la seconde moitié du XVIIIe siècle, quand les coques sont devenues plus droites. Mais la « latrine » (le surplomb avant supportant l’ornement de proue) est ici trop grande, et impressionne par sa taille.

Sea Dogs: To Each His Own : flotte à voiles vue par un historien — Battleship Volant

Navires de Sea Dogs: To Each His Own : navire de ligne Volant

Maintenant, le navire de ligne Volant. Côté gréement, c’est assez correct, sauf que j’ajouterais un troisième étage de voiles. En revanche, la coque est dessinée de façon assez grossière : elle semble très anguleuse. Or, les navires à voiles avaient des coques « lissées », avec peu d’angles droits, même construits en bois. Ils étaient conçus dans des formes élégantes. La superstructure avant carrée me fait mal aux yeux : elle conviendrait à un vapeur, pas à un voilier.

Sea Dogs: To Each His Own : flotte à voiles vue par un historien — Battleship Renomme

Navires de Sea Dogs : navire de ligne Renomme

Le navire de ligne Renomme est un grand trois-ponts et, à en juger par la coque, un bâtiment d’environ 100 canons. Mais on retrouve l’énorme taille de la « latrine » et, encore une fois, la combinaison d’un mât de civadière avec une voile à corne à l’artimon — ce n’est pas nécessaire. Les voiles sont à trois étages, mais ici, on tombe dans l’excès inverse : les huniers sont trop courts. Ils devraient être deux fois plus hauts, tandis que les voiles du troisième étage devraient être beaucoup plus petites.

Nous espérons que cet article vous a été utile !

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